vendredi 7 septembre 2007

Bilan à mi-course

A mi course du rassemblement de Sibiu, petit bilan très personnel :
Je souhaite que le rassemblement ne se contente pas de souligner les inquiétudes, les peurs, le sentiment d’urgence par rapport aux problèmes en Europe et dans le monde. Je me souviens du mot de Jean XXIII au début du Concile : il ne faut pas que nous soyons des « prophètes de malheur » ; il faut que nous sachions accueillir avec bienveillance ce qui est réalisé ou initié par les institutions démocratiques et les hommes de bonne volonté en matière de justice, développement, respect des droits de l’homme, de façon non-confessionnelle.
Parfois certains de nos propos me donnent l’impression que nous soulignons volontiers les échecs de la marche du monde depuis qui nos religions ne la conduisent plus. Ne cédons pas au dépit.
Que les français sachent faire partager les prises de conscience qui nous viennent de notre pratique de la société laïque. En 1996, les évêques français ont solennellement déclaré que notre Eglise catholique se sent à l’aise dans la société laïque.
J’aimerais que nos Eglises européennes assument leur mission d’inculturation et d’actualisation de l’Evangile dans la culture à laquelle nous sommes envoyés : la culture dite de sécularisation. La sécularisation n’est pas diabolique ; elle a des aspects négatifs, qui sont ici amplement soulignés, en matière par exemple d’éthique, mais je ne suis pas prêt à aimer vivre dans une culture non-sécularisée. J’apprécie la liberté et l’autonomie personnelle. Je souhaite que nos Eglises envoient un message de sympathie et d’estime aux forces vives de l’Europe. C’est probablement avec ce ton que nous pourrons le mieux faire passer ce qui nous tient à cœur : l’ouverture des consciences à ce qui est plus haut que nous ; notre conviction est que nos contemporains ont soif d’un message de cette nature.
Et puis ne croyons pas que nous sommes seuls chargés de la marche du monde. Les institutions ecclésiales n’ont pas à régler les problèmes à la place des institutions politiques.
Pour autant n’avons-nous rien à faire ? Si mais à trois conditions éthiques
être conscients du rôle exact qui est le nôtre et l’exprimer clairement
avoir une éthique marquée de la condition humaine fondamentale qui est d’être dans une histoire ; donc, pas trop de jugements binaires en noir et blanc, et laisser place au processus, au progrès, à la démarche. Du coup, ne pas nous spécialiser dans une « morale de la conviction », facilement irréaliste, et ouvrir nos propos à une « morale de la responsabilité » qui tienne compte des complexités et des compétences nécessaires. Ne pas non plus identifier question politique et question morale, même si bien sûr la politique doit être travaillée par les préoccupations éthiques. Le président Barroso nous l’a excellemment dit.
Les actions des Eglises ou des mouvements d’Eglise, en tenant compte des points 1 et 2 peuvent prendre la forme de premier pas, sans prétendre tout régler.
Du coup, pour le message final, je souhaite que soient formulés et suggérés quelques premiers pas constructifs dans les différents domaines qui nous préoccupent.

Et puis il nous faut désormais formuler paisiblement entre nous nos différences, comme l’a dit le cardinal Walter Kasper dans sa prise de parole. Il a d’ailleurs immédiatement appliqué son propre précepte en avouant que les textes récents du Saint siège, notamment la réponse de la congrégation pour la doctrine de la foi sur le subsistit in, l’avaient blessé.Quelle différence devons-nous mettre au jour ? Une m’apparaît : les Eglises occidentales ont l’habitude de vivre dans des pays de culture laïque, avec une certaine autonomie mutuelle des institutions religieuses et des institutions politiques. Cela ne me semble pas être le cas de bien des Eglises européennes orientales et de bien des Eglises d’autres continents. Il nous faudrait faire la lumière là-dessus. (P. Dominique BANET - Délégué catholique)