L’œcuménisme se nourrit de ce que nous écoutons ensemble la Parole de Dieu et de ce que nous laissons l’Esprit Saint travailler en nous et par nous. (Charta Oecumenica, 5)
Extrait du document préparatoire
"La lumière du Christ éclaire nos coeurs : la vie de l’Esprit en nous"
"Car le Dieu qui a dit : La lumière brillera au milieu des ténèbres a lui-même brillé dans nos coeurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire, qui rayonne sur le visage du Christ" (2Co 4,6).
Le premier lieu où brille la lumière du monde qui est le Christ, c’est notre coeur. Notre vie spirituelle de chrétien n’est rien d’autre que la vie du Christ en nous, notre vie intérieure habitée par l’Esprit descendu sur nous lors de notre baptême.
Cette lumière doit être préservée et nourrie, et pas obscurcie par la façon de penser et d’agir propre à ceux qui sont des ténèbres : "Autrefois vous étiez ténèbres ; maintenant dans le Seigneur vous êtes devenus lumière. Vivez comme des fils de la lumière" (Eph 5,8).
Notre vie intérieure est le lieu où résonne la Parole de Dieu et où advient le discernement de la volonté de Dieu : dans la prière, nous cherchons à acquérir le regard même de Dieu sur nous-mêmes, sur les autres et sur le monde, pour arriver à contempler le monde entier comme s’il était "contenu dans un unique rayon de lumière", comme l’a dit saint Benoît juste avant sa mort (cf. Grégoire le Grand, Dialogues II,35). C’est un regard lumineux, capable d’éclairer toute l’existence : "La lampe du corps, c’est l’oeil. Donc si ton oeil est vraiment clair, ton corps tout entier sera dans la lumière " (Mt 6,22).
Cet enracinement de la spiritualité chrétienne dans l’unique Seigneur Jésus est encore plus précieux aujourd’hui, alors que, de toutes parts, émerge la tentation de diluer ce que le christianisme a de spécifique dans un mare magnum de sentiments et de sensations, de « spiritualités » plurielles que chacun peut assembler à son gré, d’indifférentisme qui tend à oublier la dimension de l’incarnation.
Le Christ, lumière du monde, constitue ses disciples lumière du monde
"Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie" (Jn 8,12). "Vous êtes la lumière du monde... Que votre lumière brille devant les hommes : alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux" (Mt 5,14-16).
En vertu de l’unique baptême, les disciples du Christ, habités par le même Esprit, sont appelés à avoir "un seul coeur et une seule âme" (Ac 4,32), à avoir les mêmes dispositions, celles que l’on doit avoir dans le Christ Jésus (cf. Phil 2,5), à s’abreuver à la même source, celle de l’amour de Dieu. Cette unité de dispositions et d’action se manifeste dans le fait de prier ensemble et les uns pour les autres (Cf. Ch. Oecum 5). C’est l’unique Esprit qui suscite en chacun de nous le cri : "Abba, Père ! ", un cri qui, dans la dimension communautaire, devient : "Notre Père".
Se pose alors la question de l’unité visible des disciples du Christ, une unité qui n’existe pas encore : scandale et manifestation du péché dans nos vies. C’est précisément dans la prière que nous pouvons mesurer ce qui nous unit déjà et ce qui nous empêche encore de ne former qu’un seul corps autour du Corps et du Sang eucharistiques.
Dialogue
En attendant de pouvoir tous boire à la même coupe, quelles sont les initiatives que nous pouvons prendre ensemble en vue de réaliser cette unité que le Seigneur nous demande ?
Comment arriver, par exemple, à célébrer la Pâque du Seigneur à la même date ?
Et encore, quels trésors de la spiritualité et de la prière des autres Églises peuvent enrichir la prière de chaque communauté chrétienne ?
Est-il envisageable de rendre grâce au Seigneur, tous ensemble, pour le don qu’il a fait aux Églises et au monde de témoins de l’Évangile qui, par leur vie et quelquefois aussi par leur mort, sont allés au-delà des divisions entre les chrétiens et ont été une "lumière" pour les hommes et les femmes de leur temps et de notre temps ?
Cette prière commune renouvelée pourra-t-elle être un baume qui soigne les blessures de la division des chrétiens ?